Nous voulions voir le toit du monde, de Butwal à Pokhara - Népal
" संसारको शीर्ष" le toit du monde;
Nous connaissions les Alpes et les Pyrénées mais nous ne connaissions l’Himalaya qu’au travers des livres comme celui de Maurice Herzog, Pierre Mazeaud et Gaston Rebuffat.
« L’Annapurna premier huit mille » cette fois ce n’était pas une photo noir et blanc que nous avions sous les yeux, mais l’Annapurna, le vrai, dans toute sa splendeur.
Sur les conseils de quelques routards, qui en revenaient, nous nous étions levés tôt pour le voir.
En effet, le matin le ciel est clair et l’on peut le voir ainsi qu’une bonne partie de la chaîne de l’Himalaya mais passé dix heures les nuages apparaissent et montent de la vallée à l’assaut des sommets.
À ce stade nous étions dans une région vallonnée, mais ce qui nous attendait n’avait rien à voir avec les routes de montagne que nous connaissions.
Notre vaillante 2CV (deux chevaux) allait être mise à l’épreuve.
Dans ce coin de pays, tout y était cultivé, la moindre parcelle de terre était exploitée, on appelle cela des cultures en espalier, ce qui ressemble fort a escalier, comme on peut le voir sur la photo.
La présence de palmiers dans une végétation luxuriante, due à un fort taux d’humidité, nous donnait l’impression d’être en pays tropical plutôt qu’aux pieds des plus hautes montagnes du monde.
Nous avions choisi le chemin le plus direct, la "Siddartha Highway" qui est aux antipodes de ce qu'est un autoroute et ne ressemble en rien aux routes que vous connaissez, mais nous avions hâte d’arriver aux pieds des massifs et pour cela il fallait passer par cette route étroite et tortueuse et quand je dis « étroite », c’est à peine si par endroits on pouvait croiser un bus ou un camion sans s’arrêter.
Au début la route s’enfonçait dans une vallée étroite empruntée par le rivière Tinau, pour le moment l’altitude n’était que deux cent mètres, ensuite nous avons bifurqué à droite en suivant un petit affluant et la ou les choses ont vraiment commencé c’est dans les environs de Pravash, les pentes devinrent plus raides et les virages serrés plus fréquents.
Arrivés dans la région de Tansen, nous étions déjà à mille mètres et nous n’avions parcouru que quarante kilomètres. Nous traversions de petits villages et toujours autant de temples bouddhistes avec parfois des huttes en toit de paille, c’est dire si la température y était douce.
Pour ceux qui aiment la conduite en montagne, si vous avez l’occasion d’y aller, je peux vous garantir que vous serez comblés.
Les paysages étaient superbes, la route serpentait à mille deux cents mètres d’altitude le long de pentes abruptes, dans de petites vallées, pour ensuite redescendre traverser la rivière Kali Gandaki, un affluant du Gange, qui s'écoule a quatre cents mètres d’altitude et remonter aussi sec a quelque huit cents mètres rejoindre la vallée de la rivière Aadhi Khola, pendant près de cinquante kilomètres avant de la quitter en remontant à mille deux cents mètres.
Enfin ce fut la descente vers Pokhara qui se situe malgré tout à huit cents mètres d’altitude et là...il était difficile de ne pas apercevoir en arrière-plan les sommets mythiques de l’Himalaya.
Nous venions de parcourir à peine cent soixante-dix kilomètres en huit heures, avec de multiples arrêts, je vous l’accorde, mais ce qui ne donne guère que trente kilomètres par heure de moyenne.
Vous allez dire que la deux chevaux n'est pas un bolide, elle est bien moins rapide et moins puissante que la plupart des voitures mais c’est un cheval de trait, capable de grimper n’importe quelle côte sans broncher et son grand avantage, elle ne risque pas de surchauffer… il n’y a pas de refroidissement à l’eau, donc pas de joint de culasse fragile.
Malgré tout, une voiture plus rapide n’aurait pu faire plus que de cinquante kilomètres par heure, tant les routes étaient tortueuses et en piteux état.
Il n’était pas rare d’être contraint de faire le tour d’un rocher ou d’une coulée de terre, il faut comprendre qu’en période de mousson, il dévale des montagnes des quantités d’eau impressionnantes qui emportent tout sur leur passage, ce qui oblige un entretien constant et les moyens étant limités, seul l’essentiel est fait…