Pokhara - Népal
Point de départ de beaucoup de courses en montagne, Pokhara est aussi un havre de paix pour « Globe-trotter ». Nous avions trouvé refuge dans une arrière-cour, sommairement aménagée comme terrain de camping pour itinérants.
Au pied de l’Annapurna, en fond de vallée côté sud, le climat est subtropical, fort heureusement, pour nous, en décembre les précipitations y étaient faibles, contrairement à l’été ou la région est généralement fortement arrosée, d’où une végétation dense.
Le Pokhara de l’époque n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui, mis à part pour ceux qui venaient grimper sur l’Annapurna, nous étions parmi les premiers vrais touristes et la région était relativement vierge de toute pollution commerciale. Coca-cola ou Pepsi ne se disputaient pas le territoire et le saut en parachute ou le parapente ne faisaient même pas partie des activités envisagées dans un futur proche.
La plupart des visiteurs étaient des routards, comme nous, leurs intérêts pour la région portaient principalement sur la découverte de la culture Hindouiste ou Bouddhiste, la méditation, « Peace and Love » et la consommation de substances hallucinogène,… pour ma part j’ai toujours préféré garder le plein contrôle de mes sens et de mes émotions et ma motivation était tout autre, voir le « Toit du monde » voyager, découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux horizons est ce qui m’a toujours fait avancer, c’est vraisemblablement la raison pour laquelle j’ai souvent changé, par le passé, de lieu de résidence.
En mille neuf cent soixante-seize, le Népal était un royaume, le seul officiellement hindouiste du monde. Le roi Birendara et son gouvernement se sont employés à éradiquer la culture et la vente de produits stupéfiants, ce qui eu pour effet de diminuer notablement l’afflux de Hippies, amateurs de ce type de produit.
La religion tient une place prépondérante dans la culture Népalaise, ceux-ci sont foncièrement croyants, leur dévotion est indubitable, qu’ils soient Hindouiste ou Bouddhiste, c’est un fait remarquable qui touche toutes les couches de la société.
Il y avait des temples ou édifices religieux un peu partout, parmi les plus beaux se trouvait la Pagode de la paix, construite dans les années soixante-dix par des moines bouddhistes pour promouvoir la paix dans le monde, il paraîtrait qu’il y en a plusieurs dizaines éparpillées sur le globe, c’était une initiative bourrée de bonnes intentions, mais je ne suis pas convaincu que cela ait eu une quelconque influence, c’est plutôt considéré, par la plupart, comme du folklore, en effet quand on voit le nombre de conflits qu’il y a eu depuis et qui perdurent encore, on peut se demander si les visiteurs ont retenu la leçon.
Pour la visiter, nous avons dû faire une sacrée grimpette en montagne, mais les efforts furent largement récompensés par la beauté du site, une vue superbe sur le lac Phewa, qui borde la ville de Pokhara et un panorama sur les sommets himalayens, partiellement cachés par les nuages.
Au hasard de nos rencontres, on nous avait conseillé d’aller sur les bords du lac, louer une pirogue pour la journée, ce fut une expérience hors du commun que de naviguer aux pieds du « Toit du monde » dans une embarcation taillée dans un tronc d’arbre ;
Il faisait un temps superbe, chaud et aucun souffle d’air, nous avons adoré et été surpris par l’étonnante stabilité de notre esquif qui, loin d’être fragile, était solide comme le roc.
Bien évidemment à cette époque nous n’avions aucuns gilets de sauvetage, aucun équipement de survie et pour couronner le tout, il n’y avait aucune surveillance… nous étions parmi les premiers touristes amateurs de ce genre d’activité. Depuis le lac est couvert de barques colorées disponibles pour la location, autre temps, autres mœurs.
Les Népalais étaient toujours souriants, aimables et très curieux, ils posaient beaucoup de questions, ils voulaient tous connaître de nous, de notre famille, de nos amis, de nos habitudes, de nos origines et pourquoi étions-nous venus jusque chez eux.
Si vous êtes respectueux, vous serez respectés, mais on nous avait prévenus d’éviter de les prendre en photo sans leur autorisation, cela pourrait être mal perçu et nous devions aussi rester chastes en public, les relations homme femme étant très codées.
Pokhara fut pour nous une oasis de calme et de détente par rapport au reste du voyage et il semble que, de nos jours, son atmosphère de paix soit toujours aussi prisée, souhaitons que ce bout de pays reste préservé de toute agression et loin de toute violence.