Nous voulions voir le toit du monde
Épilogue
Nous étions jeunes et libres d’attaches.
Notre vision du monde était on ne peut plus idyllique, il est vrai que nous étions sur la vague des "Peace and Love", bourrés de bonnes intentions, nous flottions sur un nuage.
J’en imagine beaucoup, souriant en pensant au cannabis et tous ses dérivés mais détrompez-vous, nos intentions étaient pures, désolé de vous décevoir, nous n’y avons même pas touché.
Au cours de l’été 1976 sur l’aéroport de Rouen-Boos, je fis la connaissance de M.A, je l’appellerais ainsi afin de préserver son identité.
Nous campions, dans une pièce, au troisième étage d’un très vieil immeuble d’un quartier populaire, en plein cœur du centre-ville de Rouen, la ville aux cent clochers.
Pour commodités, nous n’avions qu’un évier rustique avec uniquement de l’eau froide, pour le bain il fallait faire chauffer l’eau sur un gros camping gaz et la verser dans une grosse bassine qui servait de baignoire; Les toilettes communes étaient situées dans le fond du couloir dont la lumière était souvent absente.
Malgré l’inconfort, l’ambiance était plutôt sympa entre tous les locataires de l’immeuble. Nous étions peu fortunés mais insouciants et heureux !...La Bohême !
M.A avait l’habitude de ne jamais fermer les portes de sa vielle 4L Renault, elle disait qu’ainsi les petits voleurs à la tire ne fractureraient pas la porte pour fouiller dans la boîte à gant, dans laquelle elle ne laissait jamais rien.
Je dois reconnaître que j’ai appliqué cette méthode pendant longtemps, n’ayant pour la plupart du temps que de vieille voiture en bout de course.
Or à cette époque j’étais l’heureux propriétaire d’une 2CV Citroën, que l’on prononce « deux chevaux », elle avait dix d’âge, ce qui était encore jeune pour ce type de véhicule surtout à cette époque, fermer les portes n’aurait servi à rien étant donné que toit était en toile. Il valait mieux laisser les portes ouvertes plutôt que de retrouver la toiture éventrée.
Ce véhicule avait la particularité d’être mécaniquement très simple, léger au niveau structure, hyper-stable et sécuritaire sur le plan de la conduite. Ses performances étaient loin d’être son meilleur atout mais elle était bougrement économique et capable de consommer n’importe quelle essence, quelle que soit la qualité ou le grade. C’était le véhicule idéal pour voyageurs sans-le-sou.
Vous êtes-vous déjà réveillé un beau matin avec une idée fixe en tête ? Une idée si forte que vous n’arrêtez pas d’y penser toute la journée, une idée qui se précise au fur et à mesure que vous en parlez et vous faites fi des arguments qui vont à l’encontre de cette idée, bien au contraire cela ne fait que la renforcer.
Je ne sais pas si c’est un vent de « Sur la route » de Jack Kerouac qui nous a poussé à partir pour un si long voyage, mais nous avions trouvé notre objectif « l’Himalaya », nous voulions voir le toit du monde...
L’idée était devenue si limpide que rapidement nous avons entamé les préparatifs. La première étape fut de trouver les cartes, il nous fallait visualiser le parcours ; J’ai toujours été fasciné par les cartes de géographie, elles m’ont toujours fait rêver, rien qu’en lisant les noms, en examinant la topographie, le découpage des pays, les routes, les villes, les montagnes, les déserts, bref… Le Monde.
Direction Paris en 4L ; Destination « La librairie L’Astrolabe », spécialisée en documentation de voyages en tout genre, c’était notre première étape et de loin la plus facile...
...à suivre...