Une trace dans le ciel
Maryse Bastié, était un petit bout de femme, avec une grande détermination, peu de choses pouvaient l'empêcher d'atteindre son but, rien ne pouvait la retenir, c'était une femme libre, maîtresse de son destin, elle qui a couru tous les dangers, vu si souvent la mort de près, se retrouve le 21 mars 1944 privé de liberté et n'est plus en mesure de décider de son sort. Sera-t-elle torturée par la Gestapo ? Sera-t-elle fusillée demain matin ?
Dans un cachot, en attente de la mort, on a le temps de penser à ce que fut sa vie et l'auteure nous la fait revivre par petites tranches, comme des bribes de sa mémoire qui referaient surface au moment ultime.
Mariée très jeune à un artiste peintre volage, mère d'un jeune garçon, puis divorcée, elle consacrera sa vie à l’aviation. Lorsque Maryse a une idée en tête, rien ne l’arrête et, contre l'avis de tous, elle apprend à piloter.
Une nouvelle vie commence, elle sera l'une des premières aviatrices françaises célèbres, elle réalisera plusieurs exploits, tel un record de durée avec 37 h 55 de vol, un premier record de distance de 1 058 km entre Le Bourget et Trepto sur Rega en Poméranie, un deuxième record de distance de 2 976 km du Bourget à Uhring-URSS puis la traversée de l’Atlantique Sud, de Dakar au Sénégal à Natal au Brésil avec plus de 3 000 km.
Maryse volera dans une position des plus inconfortable, sans dormir et dans un bruit assourdissant pendant 37 heures 55 lors de son record du monde de durée en vol, record qui n’a jamais été battu depuis, elle frôlera la mort à plusieurs reprises « passer la nuit à bord d’un avion est terrifiant. Il faut accepter de n’être plus qu’un misérable corps de chair et de sang fonçant dans l’obscurité, enfermé dans une dérisoire armure de métal, à peine éclairé par le halo blême des appareils de bord. Tout autour, la nuit immense et vide. La mort peut-être ».
La mort était le passager clandestin des aviateurs dans ces années-là, mais il fallait vivre et le métier de pilote ne payait pas, alors on était prêt à tenter le diable s'il le fallait.
Comme le disait si bien Mermoz « Pour nous, l’accident ce serait de mourir dans un lit ».
Elle apprend la mort de son deuxième mari, de ses amies et amis, Hélène Boucher, Maryse Hilsz, Mermoz, Drouhin, Henri Guillaumet, Léna Bernstein, cette dernière fortement endettée est assignée à résidence à Biskra préférera se suicider au gardénal dans le désert algérien plutôt que d'être interdite de vol.
Puis la mort de Germain, ce fils né de son premier mariage, terrassé par la typhoïde.
Malgré toutes ces mauvaises nouvelles, Maryse restera celle qui ne renonce jamais, la guerre est là et pour elle la présence des Nazis dans Paris est une humiliation, combative, alors elle s'engage comme pilote avec le grade de sous-lieutenant mais sera démobilisée, les femmes ne seront pas autorisées à combattre en vol, elle s'engage donc dans la croix rouge pour aider les prisonniers de Drancy et c'est là qu'elle entrera dans la résistance au nez et à la barbe des Allemands en faisant circuler, au péril de sa vie, des informations cruciales pour les combattants. Bousculée par un soldat Allemand lors du départ d'un train de prisonniers pour l'Allemagne, elle se fracture le coude droit et ne pourra plus jamais piloter.
Libérée, elle ne sait pas exactement pourquoi, certainement surveillée, elle restera discrète mais efficace jusqu'à la libération.
Elle qui a toujours lutté pour l'égalité des sexes, découvre qu'elle est devenue célèbre et sera promue dans l'ordre de Légion d’honneur à titre militaire.
Elle retrouvera une place dans l'aviation, dans le service de relations publiques du centre d'essais en vol, mais y rencontrera la mort en 1952 lors d'un vol d'essai du prototype du Nord Atlas.
Cette biographie, écrite à la manière d'un roman, vous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
L'auteure a su y décrire le caractère d'une femme hors du commun qui nous a laissé « une trace dans le ciel ».