29 Jul

Au-delà de la mer

Publié par Cire Cassiar - Catégories : #Résumé de livres

Bolivar est un pêcheur expérimenté sud-américain. Malgré la tempête annoncée, il décide de partir quoi qu’il advienne, il est un peu têtu et orgueilleux, mais avant tout il a besoin d’argent. D’âge mûr, marqué par un certain désenchantement envers la vie, il est assez dur et fermé. Il ne croit pas trop aux miracles et pense que ce qui compte avant tout, c’est d’agir pour ne pas céder à la panique.

En mer, Bolivar veut absolument garder le contrôle. Il cherche toujours une solution, refusant de rester inactif, même s’il doute intérieurement. Il essaie de ne pas se laisser submerger par ses émotions, ou du moins de les maîtriser. Pourtant, on sent bien qu’il porte un certain poids : à certains moments, ses propres peurs, ses regrets ou la fatigue prennent le dessus. Malgré tout, il tient à garder la face, à jouer le rôle du chef, et à se convaincre qu’ils seront secourus. Parfois, il rit même face à l’absurdité de leur situation.

Hector, au contraire, est un adolescent inexpérimenté, à l’âme sensible et tourmentée. Il s’est retrouvé embarqué presque malgré lui, et il vit très mal cette situation extrême. Très vite, la peur, la faim et la soif l’épuisent tant moralement que physiquement.

Hector a tendance à ressentir intensément et a besoin de parler, de partager ses émotions. Pour tenir, il s’accroche à sa foi, car c’est le seul moyen qu’il connaît pour se rassurer. Plus la dérive dure, plus il prie, devient anxieux, parfois même désorienté. Parfois, il garde espoir d’être sauvé, mais il se sent souvent perdu, incompris, fragile. Cette fragilité révèle aussi son humanité : il ne cache pas ses émotions, interroge ce qu’ils vivent, a peur, mais reste capable de compassion.

Sur ce petit bateau, soumis aux caprices de la mer, les deux hommes sont contraints de cohabiter, avec des caractères très différents : la force et la dureté de Bolivar face à la peur et à la vulnérabilité d’Hector.

Cette promiscuité rend leur relation à la fois tendue et touchante, car chacun lutte contre ses démons intérieurs et ses propres limites, sous le regard de l’autre. Alors que Bolivar incarne un combat acharné contre la fatalité, Hector symbolise la débâcle psychologique face à l’inévitable.

Ce roman s’articule autour de la tension entre deux esprits brisés qui, malgré leurs différences, se retrouvent unies dans une lutte autant intérieure qu’extérieure. Leurs personnalités conflictuelles illustrent la solitude, la peur et la quête de sens au cœur d’un huis clos marin implacable…une réflexion sur le sens de la vie.

Paul Lynch – Ed Albin Michel (le livre de poche) 2021 – 217 pages