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Publié par Cire Cassiar

Yougoslavie
20 Dinars - Yougoslave

Ouverture des rideaux, petit-déjeuner rapide dans les maïs, check-list matinale, ciel dégagé, brise légère, cap sur la Grèce.

Nous reprenons la route, le long de la vallée du Vardar, ce fleuve de trois cent quatre-vingt-huit kilomètres (388) de long, qui prend sa source à Vroutok, petit village dans les montagnes Macédoniennes à l’est du Mont Korab (2 764 m) en Albanie. Il traverse les villes de Skopje et Vélès puis franchi la frontière grecque après Bogoroditsa.

Il continue son chemin vers le golfe de Thessalonique au bord de la mer Égée, à vingt kilomètres à l’ouest de ville.  Le Vardar sépare physiquement en deux la Macédoine et sa vallée est le principal vecteur de communication du pays.

Encore quelques dizaines de kilomètres et ce sera la frontière, nous quittions sans regret ces paysages montagneux et agricoles, aux villes et villages austères.

La Macédoine et le Kosovo n’étaient pas, à proprement parler, des lieux hautement touristiques, la pauvreté était présente et les inégalités sociales flagrantes, surtout par rapport aux régions côtières et touristiques du Monténégro, de la Croatie et la Bosnie ; Il est vraisemblable que tout cela ait joué un rôle dans le déchirement qu’a connu la Yougoslavie dans les années qui suivirent.

Mais à cette époque la désinvolture de la jeunesse et la méconnaissance de la politique mondiale, faisaient en sorte que nous traversions l’espace et le temps sans préoccupation d’aucune sorte.

Le pied à fond sur l’accélérateur, nous avalions les kilomètres en direction de Bogoroditsa, ce petit village frontalier avec la Grèce. Le passage fut comme une lettre à poste, quoique depuis quelques années la poste ait perdu de son efficacité légendaire.

Et nous voilà en territoire hellénique, notre première halte fut pour y savourer les Souvlakis, vous savez ces fameuses brochettes arrosées de jus de citron, d’huile d’olive et aromatisé de thym et d’origan.

Rien que d’y penser je salive, c’est curieux comme l’on se souvient de ce genre de détail, même après tant d’années, je ne saurais dire le lieu mais par contre je me souviens très nettement que c’était un petit camion en bord de route et nous les avions avalés goulûment, par la suite nous n’avions qu’une hâte, c’était de retrouver ce genre de camion sur notre chemin avant de quitter la Grèce.

Thessalonique, ville portuaire de belle importance, connue comme étant la capitale de la culture Grecque. Elle donna naissance à Ataturk, appelé aussi Mustafa Kemal, pour les connaisseurs c’est le fondateur de la république turque. Il faut dire que cette région fut pendant très longtemps sous domination ottomane.

Grèce antique
50 Drachmes - Grec

Cette ville multiethnique ayant subi beaucoup d’influences au cours des siècles, nous laisse de beaux monuments tel que la Tour blanche datant du règne de Soliman le Magnifique, l’arc de Galère datant de trois cents ans après J.C, vestige d’un ensemble de monuments dont la Rotonde ou temple de Zeus.

Depuis, tout cela a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Plus proche de nous, le front de mer ou Boulevard de la Victoire et sans oublier la très agréable place Aristote avec vue sur mer.

Tout comme la région de Kotor, dans le Monténégro (ex Yougoslavie) la Grèce nous fit promettre de revenir lors d’un prochain périple, ce que nous ferons sans hésiter l’année suivante et jusqu’en Crête.

Le lendemain matin nous avions décidé de goûter au petit-déjeuner Grec, pour cela nous nous sommes arrêtés dans un relais routier, quoi de plus authentique pour des routards ?

Olives noires, tomate fraîche, fromage féta, pain pita le tout arrosé d’huile d’olive, du thé et on termine avec une grosse figue fraîche, ça commence bien une journée…

Direction Alexandroupolis en passant par le magnifique bord de mer de Stavros, Kavala et Xanthi, une des villes les plus pittoresques à visiter absolument.

La vieille ville fut construite à flanc de montagne comme un amphithéâtre, avec de ravissantes rues pavées et des maisons très colorées d’une architecture très typique.

Et si vous aimez la nature, les beaux paysages, les ballades, prenez alors les petites routes sinueuses de l’arrière-pays qui mènent à plusieurs monastères, à des cascades et des panoramas à couper le souffle.

Il nous fallait quitter Xanthi pour Alexandroupolis dernière grande ville avant la Turquie.

Mis à part son phare et ses plages de sable fin, la ville ne nous a pas impressionnés.

Le passage de la Grèce vers la Turquie se fit à Ipsala, comme le passage en douane nous a pris quelques heures, la nuit tombante, nous décidions de dormir sur le stationnement d’une station-service bien éclairée.

Pourquoi cette précision ? C’était un conseil que nous avions lu dans le guide du routard, il semblait que la présence d’étranger en Turquie attirait les convoitises.

Sage précaution en effet, nous avions demandé à l’employer ou nous pourrions stationner pour la nuit et il nous guida vers un coin tranquille puis nous fit manœuvrer de curieuse façon.

Turquie
Turkish Lira

La soirée se passa sans encombre et comme prévu nous avons mis la banquette sur le capot moteur, verrouillé tous les coffres, installé le lit et tiré les rideaux pour la nuit.

Malgré tout cela, inconsciemment je gardais mon esprit en alerte, je ne sais pas pourquoi mais j’avais un indéfinissable pressentiment.

En pleine nuit, toutes les lumières s’éteignirent, instantanément je fus réveillé, j’écartais les rideaux pour voir ce qu’il se passait, normalement la station aurait dû rester allumée toute la nuit et je remarquais des allées et venues du côté du bâtiment.

Je restais aux aguets et réveillais ma compagne pour l’informer du fait, c’est alors que je vis deux ombres s’approcher, tourner autour de la voiture et repartir vers le bâtiment.

Mon sang ne fit qu’un tour, notre position devenant très inconfortable, devant l’urgence de la situation, sans lumière et sans bruit nous avons rentré la banquette sommairement, placé le matelas pour pouvoir conduire le véhicule, poussé la voiture de quelques mètres pour pouvoir repartir puis j’ai mis le moteur en route et nous avons filé sans regarder en arrière.

Nous avons roulé pendant plus d’une heure, assis sur le matelas, sans dossier, pas facile de conduire dans cette position, mais nous étions soulagés d’avoir quitté cet endroit louche et malsain, pour enfin nous arrêter sous un lampadaire dans le stationnement du port de Tekirdag pour y terminer la nuit.

Le sommeil fut difficile à trouver tellement nous avions les sens en effervescence. L’adrénaline je suppose…

Je ne sais pas ce qui se serait passé ce soir-là si nous étions restés et je ne veux même pas le savoir…

Au Matin, nous reprenions la route en direction d’Istanbul et rejoignons la route E80, axe très fréquenté, qui traverse toute la Turquie par le nord du pays pour rejoindre l’Iran.

Ce jour-là il y avait un fort vent de face, nous avions peine à avancer, le compteur de vitesse culminait allègrement à 75 km/h et je revois encore dans le rétroviseur cet énorme camion Turc, avec toutes ses décorations autour du pare-brise, il nous rattrapait peu à peu, je ne pouvais enfoncer plus l’accélérateur, j’étais déjà au plancher, donc au maximum des possibilités de notre vaillante deudeuche.

Je le voyais grossir, au bout d’un moment, je ne voyais plus que la calandre et c’est alors qu’un klaxon rugissant se fit entendre, il n’y avait que deux voies et la circulation était tellement dense, qu’il lui était impossible de nous doubler et je ne voyais pas comment je pouvais faire pour le laisser passer sinon que de rouler sur le bas-côté.

Espérant qu’il comprendrait mon inconfort et mon incapacité à aller plus vite, je ne bronchais pas et je gardais stoïquement le cap et la pédale enfoncée, lui, il continuait à klaxonner rageusement par intermittence ; À nouveau je vis grossir son pare-chocs et s’approcher si dangereusement que je n’eus qu’un réflexe, foncer vers le bas-côté en espérant qu’il ne soit pas trop cahoteux.

La deudeuche étant fort heureusement dotée de suspension extraordinaire, fut capable d’absorber les inégalités du terrain et nous le vîmes passer en trombe, klaxon hurlant sans interruption.

J’avoue qu’après coup nous nous sommes demandé ce qu’il aurait fait si je n’avais pas pris cette initiative.

Décidément, la réputation de l’accueil Turc les précède, elle n’avait vraiment rien à voir avec les autres pays déjà traversés.

Un peu plus tard dans la même journée, nous nous sommes retrouvés immobilisés, sur une route à trois voies, dans un immense bouchon pendant plus de deux heures. Lorsque la circulation fut rétablie nous avons compris ce qu’il s’était passé.

Durant l’attente, des petits marchands à la sauvette, vendaient toutes sortes de choses y compris de la nourriture.

Il y en avait un qui portait un gros panier avec de gros fruits, nous n’étions pas vraiment sur de la sorte de fruit, il nous semblait que c’était des poires, nous l’avons fait venir et nous lui en avons acheté plusieurs, heureux d’avoir participé à l’économie locale.

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que c’était des coings, fruit immangeable quand il n’est pas cuit. En effet quand on a jamais acheté de coings on peut facilement se méprendre.

Malgré tout, nous avons tenté l’expérience de les goûter cru, en se disant que s’il en vendait, peut-être étaient-ils différents de ceux que nous avions en France.

Force était de constater qu’ils étaient durs comme du bois et d’un goût âpre, pas de doute, il fallait bien les faire cuire.

Quand nous avons pu avancer, arrivé sur les lieux de l’accident, parce que c’était bel et bien un accident qui avait causé tout ce patacaisse, il y avait deux camions, carbonisés, qui visiblement s’étaient percutés de face, aucun des deux n’a voulu lâcher le morceau en doublant sur la route à trois voies, voilà pourquoi, en France, elles avaient été supprimées ou aménagées pour éviter ce genre de face-à-face.

On m’avait prévenu que les Turcs étaient du genre rudes, fonceurs, sans peur et sans pitié et bien j’ai également compris pourquoi on employait l’expression « tête de turc ».

Il est vrai que les différents manuels du voyageur, le guide du routard, pour ne nommer que lui, essayaient d’informer le globe-trotteur que la Turquie n’était pas un pays facile.

Par exemple, ils n’hésitaient pas à dire qu’il fallait absolument éviter de camper n’importe où, mal pris, il était préférable de choisir le stationnement d’une gendarmerie et en général ils étaient assez compréhensifs.

C’est un conseil que nous aurons l’occasion d’appliquer, un peu plus tard, dans le centre de la Turquie.

Autre conseil, dans les grandes villes, il valait mieux aller à l’hôtel et laisser sa voiture au stationnement dudit hôtel, qui est normalement surveillé.

Istanbul était une ville tellement immense, grouillante, que nous n’avions guère le choix et toujours sur les conseils avisés du guide du routard nous avons pris pension aux alentours de la majestueuse Mosquée Bleue avec ses six minarets.

à  suivre…

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