L'écriture
Quand on parle d’écriture, on pense immédiatement aux romans, aux poèmes, aux biographies, aux scénarios, mais aussi aux blogues et aux sites web récents. Quelques personnes pensent même aux articles des quotidiens, aux rubriques en tout genre, qu’elles soient imprimées ou numériques.
Mais qu'en est-il des manuels pédagogiques et des cours théoriques ? Là aussi, il faut un minimum de talent pour faire passer la matière...On ne s’improvise pas pédagogue, on est dans l’obligation de respecter un programme, appuyer par une documentation reconnue et rendre le texte ou le discours digeste, pertinent, captivant et accessible au plus grand nombre.
Comme quoi l'écriture est un vaste sujet qui ne se limite pas aux romans et à la poésie.
Bien que je me sois commis dans la rédaction de quelques nouvelles et carnets de voyage, depuis quelques années, j'ai entrepris le montage de cours théorique en ligne pour pilote d'avion et planeur.
Lorsque j’ai entamé le travail de conception, de montage, de mise en forme et de mise en ligne, je n'aurais jamais imaginé le travail colossal que cela représente. Beaucoup se pensent que monter un cours c'est facile, il suffit d'un manuel et d'une caméra et hop ! On se lance, on raconte une histoire, on s'amuse et le tour est joué. Prenez le temps de visionner toutes les vidéos sur YouTube, dites pédagogiques. Si vous écoutez bien, il y a énormément de contenus, mais peu qui retiennent l’attention ou qui ont vraiment une valeur didactique ou informationnelle.
Alors, j’ai commencé à m’enregistrer, comme beaucoup…
Oups ! Quand on se voit et que l'on s'entend la première fois, c'est l'horreur !
On remarque tout de suite que l’on ne s’exprime pas toujours très clairement. On n’aime pas le ton de sa voix, la gestuelle, bref, on ne s’aime pas. C’est la désolation, la déconfiture totale. La présentation est pitoyable dans son ensemble et finalement on n’est guère mieux que les autres.
Lorsque des problèmes surviennent, il est naturel de penser à faire appel à un professionnel pour obtenir de l’aide. Cependant, j’ai constaté que les prix sont souvent élevés et que les résultats ne correspondent pas nécessairement à mes attentes. De plus, le coût peut augmenter considérablement au fur et à mesure que les discussions progressent. Selon mes recherches, vendre des cours en ligne à ces prix ne me semble pas une option raisonnable et réaliste.
Mes vingt années d'expérience comme professeur, que ce soit en présentiel avec ou sans PowerPoint, m'ont poussé dans cette direction. Cependant, je ne savais pas par où commencer. Je pensais que l’utilisation des diaporamas tels quels, avec un commentaire audio, suffirait.
Après quelques tentatives infructueuses, j’ai rapidement réalisé que le concept ne se prêtait pas aussi bien, que je le pensais, à la diffusion sur un site web.
En présentiel, on bénéficie de l'interaction directe avec les étudiants, ce qui permet de se rattraper si on omet un détail ou si une explication est peu claire.
Mais lors de l’enregistrement, il ne faut rien négliger. Il est essentiel de respecter la chronologie, d’avoir un débit et un ton de voix dynamiques et surtout de ne pas être dérangé par quoi que ce soit, sur cela je reviendrais plus tard.
Pour mettre le cours en ligne, j’ai besoin d’un logiciel pour convertir le fichier PPT en format HTML. Malheureusement, les prix des logiciels varient considérablement, ce qui rend difficile de justifier leur coût élevé. De plus, certains d’entre eux peuvent s'avérer complexes à utiliser.
Là aussi, c'est extrêmement difficile de faire le tri parmi l’offre grandissante. Fort heureusement, les versions d'essais permettent de se faire une idée. À la longue, on arrive à faire son choix en faisant des compromis.
Parce qu'il faut en faire, si vous n’avez pas un budget ministériel, vous n’aurez guère le choix. J’avais une idée précise de ce que j’attendais des cours, mais mes attentes n’ont pas été satisfaites. J'ai rencontré des personnes qui offrent un court cours de cinq heures pour 25 000 dollars, ce qui me semble excessif. J’ai aussi rencontré d’autres personnes qui demandent un acompte de 5 000 dollars pour créer le même cours en deux ou trois semaines, ce qui me paraît être une promesse irréaliste. Malheureusement ils ne parvenaient qu'à produire un huitième du cours en trois mois et sollicitaient ensuite un autre paiement anticipé.
Après ça, il faut trouver une plateforme capable d'accueillir le concept. J’ai trouvé difficile et décevant d’atteindre cette étape. Je crois qu’il y a beaucoup de personnes qui promettent des résultats miraculeux, mais qui augmentent considérablement leurs prix sans garantir la qualité.
Ils demandent que vous signiez un document qui pourrait vous mettre dans une position délicate et difficile à annuler sans y laisser des plumes.
Certains fournisseurs de services abusent du fait que les administrations publiques sont prêtes à payer des prix de fous pour être à la mode. Lorsque vous les rencontrez pour leur expliquer le concept, ils peuvent exprimer des réserves en raison de leurs propres limites. Ils vous diront aussi que cela va demander beaucoup de travail et ils vous présenteront une soumission insensée. À moins d'être fortuné, on oublie et on passe son tour.
La correspondance électronique, les appels téléphoniques, les versions d'essai et les négociations peuvent prendre beaucoup de temps. Il faut trouver une plateforme qui accepte le projet à un prix raisonnable, tout en considérant les coûts des autres options. Cela peut rendre cela difficilement abordable pour la plupart. Cela nécessite également des sacrifices.
Lorsque vous aurez trouvé les logiciels et la plateforme, vous aurez besoin d'un bon ordinateur, d'un bon micro, d'une bonne paire d'écouteurs et d'un lieu approprié.
Et c’est là que commence le travail de moine...
Pour réaliser une simple page web ou un diaporama, on doit parfois reprendre l'enregistrement dix à douze fois. On doit aussi passer du temps sur les animations, la chronologie, travailler le texte, choisir les bons mots au bon moment, choisir les bonnes photos, les bonnes vidéos, faire les retouches nécessaires.
Imaginez ! Pendant l’enregistrement, un léger picotement dans la gorge vous force à tousser. Un bruit inattendu, comme la sonnerie du téléphone, survient. Un bafouillement malencontreux sur un mot au tout dernier moment se produit. Une notification sur le téléphone vous distrait au point de perdre le fil des idées. L’ordinateur bogue et il fige juste avant la fin. Quelqu’un frappe à votre porte. Vous remarquez que l’animation intégrée dans la diapo ne fonctionne pas correctement ou est décalée. Je pourrais continuer ainsi à vous décrire toutes les embuches possibles et impensables qui viennent perturber l’enregistrement. Je comprends maintenant, pour y avoir assisté, pourquoi les cinéastes répètent parfois une scène dix fois avant de la trouver satisfaisante.
On peut passer des heures sur une photo, une vidéo ou une animation, se battre avec les bugs informatiques, parce qu'évidemment tout ne se déroule pas sans complication.
Attention au choix des photos ou vidéos. Il faut avoir l’autorisation du créateur ou, si elle parait publique, il est pertinent de mentionner l’auteur. L’idéal, c’est de les faire soi-même, mais cela demande beaucoup de temps, de travail, de développement et de retouche.
Je ne compte plus les heures, la somme de travail n’est pas quantifiable et j'ai compris pourquoi les plus honnêtes avançaient qu'il faudrait beaucoup de temps et d'argent pour réaliser cette tâche.
Mais, il suffit que l’on me dise que c’est impossible, pour que j’essaye. J'ai travaillé sans relâche sur la composition des textes, la structure des présentations, la durée des cours, la chronologie, les animations, les recherches, les enregistrements, etc.
Mais est-ce que le résultat est bon, accessible à tous, clair et amplement détaillé, mais pas trop, pour ne pas noyer l'information pertinente sous un flot continu de détails, parfois redondants ou inutiles ?
Est-ce que le débit, le ton de la voix, l'accent, le vocabulaire sont acceptables ?
Finalement, est-ce que l'objectif est atteint ? Est-ce que l'auditeur est captivé ? Est-il intéressé, est-il prêt à aller jusqu’au bout ? Et est-ce qu’il en redemande ?
Lorsque les premiers candidats ont commencé mes cours et que les premiers commentaires sont apparus, quel soulagement de voir que j'avais visé juste, quel soulagement de savoir que tout ce travail n’a pas été en vain.
Bien que je sois conscient de leurs imperfections, cela nécessite une attention soutenue pour rectifier les moindres défauts et effectuer des mises à jour. Néanmoins, le résultat est probant : les utilisateurs sont contents, ce qui est essentiel, surtout quand la majorité réussit son examen au ministère dès la première tentative et vous en informe avec fierté. Cela donne toutes les raisons d'être aussi fier qu'eux.
L'objectif est atteint, aero-instruction.ca est né, souhaitons-lui longue vie…